Description
Les grues
Au large du port, dressées comme des spectres rouillés, les grandes grues veillent. Leurs carcasses d’acier s’élèvent dans la brume, ossements d’une ère révolue, balançant lentement leurs bras fatigués au rythme des marées. Autrefois, elles soulevaient des ventres pleins, déchargeaient les entrailles des navires, arrachaient aux flots des cargaisons d’horizons lointains. Aujourd’hui, elles ne portent plus que le vent et les cris des goélands.
Là, entre leurs colonnes rongées par le sel, une couvée d’ombres repose. Fantômes d’anciennes manœuvres, murmures de chaînes et de coques heurtées. L’eau clapote contre leurs pieds noyés, léchant leurs bases comme pour les engloutir peu à peu. La mer, patiente, attend leur chute.
Puis, dans un gémissement métallique, l’une d’elles s’anime, un dernier soubresaut, un reste de vie dans le fer mourant. Son bras s’élève, hésitant, avant de retomber, las. Le silence retombe, épais. Seules les vagues se souviennent. Seules elles chuchotent encore les récits des cargaisons disparues.
Et dans la nuit lourde, les grues se figent à nouveau, sentinelles immobiles d’un port oublié.
[Oeuvre vendu sans encadrement, si vous souhaitez un encadrement merci de me contacter ici]
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